" Guillaume le conquérant est un personnage historique avec un grand potentiel cinématographique. Sa vie est une succession de rebondissements passant du drame, il perd son père à l’âge de 8 ans, à l’épopée avec sa conquête de l’Angleterre. De cette vie riche, j’ai choisi une période clé, sa jeunesse, dont la forme idéale de représentation est le long métrage. Le film aura l'occasion de faire connaître au public, cette partie de la vie du duc de Normandie.
Le scénario retrace le passage progressif à l'âge adulte d'un jeune Guillaume vivant une vie proche de ceux de son âge, loin des intrigues politiques, à Guillaume Duc de Normandie prenant son destin conquérant l'épée en main. Les livres d’Histoire laissent de la place à l’imagination à condition, bien sûr, de ne pas trahir la figure historique. Dans la jeunesse de Guillaume il est fréquemment question de bâtardise, la légitimité est dans un sens l’antonyme de « bâtardise » Le sens premier du terme est péjoratif mais dans le film il désigne aussi,à travers la bouche bienveillante de son père, celui qui est métis de deux cultures, l’une le tirant vers le passé, l’autre l’emmenant vers l’avenir. Le terme prend ici, un sens mélioratif. Guillaume est un métis issu de deux cultures : celle du pays d’origine de ses ancêtres : la Norvège scandinave, et celle de la culture chrétienne latine dans laquelle il évolue. Conquérir sa légitimité c’est donc aussi pour Guillaume dépasser les clivages culturels et préférer l'autodétermination de l'individu plutôt que la celui imposé par la communauté. Guillaume prend en main son destin sans oublier les richesses et les atouts que ses deux cultures lui ont apporté.
Le scénario est riche en personnages mais le point de vue du film doit s’attacher essentiellement à celui de Guillaume. Je n’hésiterai cependant pas à aérer ce point de vue en prenant de la distance et de la hauteur. Des plans plus planants, moins encrés dans une réalité humaine doivent permettre de laisser respirer le spectateur et de prendre un peu de recul afin de mieux ressentir l’environnement du personnage. Le jeu d'acteur doit être cohérent par rapport à la volonté globale du film qui est de rendre crédible l’univers historique et de faire revivre ces figures de l’Histoire devenues personnages d’une fiction épique et dramatique. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de diriger des comédiens, dont des enfants, dans mes différentes réalisations, l'exercice ne me fait pas peur et me motive beaucoup car il sera ici plus approfondi.
Le XIeme siècle qui défile à travers les saisons doit se ressentir à l’image. Le choix de décors , les costumes doivent être soignés pour que l’époque et les personnages qui évoluent soient le plus crédibles possible. La lumière qui les met en valeur et les organise au sein du cadre doit devenir une 'actrice' du film, dont le jeu devra sonner juste. Je m'appuierai pour cela sur mon expérience de chef opérateur sur plus d'une cinquantaine de courts métrage depuis huit années. Le travail du son est également primordial. Le montage et le mixage sonore allieront les prises de son direct, plus naturaliste, et des effets sonores assumés , mais sobres. Cela rendra notamment les scènes de combat à l’épée beaucoup plus prenantes. La musique devra jouer un rôle car elle agit beaucoup sur le rythme des scènes et du film dans sa globalité. Elle doit transmettre les états d’âme du personnage et accompagner son évolution durant le film.
Le projet est ambitieux, mais comment faire autrement avec une figure historique telle que Le Conquérant."